IV
trois
jours de plus reclus dans la maison, trois jours à tutoyer le mur, à l'ombre de
la mémoire, trois jours nerveux, et j'ai encore envie de toucher ta peau, et le
monde entier se dresse à notre gauche, il ne savait pas que tu avais incendié
mes mains, le monde entier ne savait rien de la terrible peur de t'aimer ;
trois jours où j'ai gardé pour moi le secret de mon égoïsme, et tout ce repos
pour la tête, toutes ces heures à dessiner ton corps dans l'espace vierge de la
maison, à dessiner ton corps sur mon corps, à oublier ta bouche et peut-être
même la couleur de ta voix, toutes ces heures à penser que je ne devrais pas
penser, plus penser, plus chercher à penser, et après, après toutes ces heures
devant la table, vide, une tasse de café sans café, j’ai pensé qu’il était
abominable de penser encore à toi qui peut-être ne penses déjà plus à moi, c’est
abominable de continuer à penser quand on a plus la tête, quand on a plus rien
à quoi penser
le
quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton
corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse
sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c’est une horreur, la bouche,
quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la tête, des
paroles que l’on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j’étais
toi et j’avais encore horreur de ce que j’étais devenu
trois jours
de plus reclus à l’ombre de la maison, trois jours nerveux, et j’ai encore envie
de toucher ta bouche ; trois jours et tu ne savais pas que tu avais
incendié mes mains, tu ne savais rien du monde entier qui ne savait rien de la
terrible peur de t’aimer ; trois jours où j’ai gardé pour moi toutes ces heures
à dessiner ton corps, et tout ce repos pour la maison vierge de ta bouche, et
peut-être même de la couleur de ta voix, trois jours à dessiner ton corps sur
mon corps, à oublier ces heures à penser que je cherche à penser, et après,
après toutes ces heures devant la table, vide, j’ai pensé à une tasse de café
sans café, j’ai pensé qu’il était abominable de ne pas penser, plus penser,
plus chercher à penser, c’est abominable de penser à continuer à penser quand
on a plus la tête, quand on a plus rien sinon à quoi penser
le
quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton
corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse
sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c’est une horreur, la bouche,
quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la bouche, des
paroles que l’on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j’étais
toi et j’avais encore horreur de ce que j’étais devenu
trois
jours de plus reclus dans mon corps, trois jours à tutoyer le monde entier à l’ombre
de la mémoire, trois jours nerveux, et j’ai encore envie de toucher le secret
de mon égoïsme, le monde entier a incendié mes mains et il ne savait rien de la
terrible peur de t’aimer ; trois jours à dessiner ton corps sur mon corps,
à oublier le repos pour la tête, et peut-être même la maison vierge de la
couleur de ta voix, toutes ces heures à penser à l’ombre de la mémoire qui se
dresse à notre gauche, et après ne pas penser, plus penser, plus chercher à
penser toutes ces heures devant la tasse de café sans café, c’est abominable
toutes ces heures devant la table vide de ta bouche sur ma bouche quand on a
plus la tête, quand on a plus rien à dire,
le
quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ta bouche,
je voulais parler à ta bouche qui danse, parler à ta bouche qui danse sur le
seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c’est une horreur, le corps, quand il
se dédit, le corps, quand il fait le compte, dans la tête, des paroles que l’on
a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, après, après, j’étais toi et j’avais
encore horreur de ce que j’étais devenu
trois
jours de plus reclus dans le mur, trois jours à tutoyer la maison, trois jours
nerveux, et tout ce repos pour la tête, toutes ces heures à dessiner ta peau et
j’ai encore envie de toucher ton corps sur mon corps ; trois jours où j’ai
gardé pour moi le secret de ta bouche et peut-être même la couleur de ta voix,
toutes ces heures où le monde entier se dresse à notre gauche, et tout ce repos
pour la tête, toutes ces heures se dressent à notre gauche vierge de la maison,
et après, après, je ne devrais pas penser, plus penser, plus chercher à penser
devant la tasse de café, vide, j’ai pensé à une table sans table, j’ai même
pensé qu’il était abominable de penser, encore, de penser à toi qui sans doute
ne penses déjà plus à moi,
le
quatrième jour, je voulais parler, le quatrième jour, je voulais parler à ton
corps, je voulais parler à ton corps qui danse, parler à ton corps qui danse
sur le seuil de ma bouche pleine de plâtre, et c’est une horreur, la bouche,
quand elle se dédit, la bouche, quand elle fait le compte, dans la tête, des
paroles que l’on a pas dit, pas oser dire, pas penser à dire, le quatrième jour,
c’était la nuit